Josélito Michaud disait qu’on prend toujours un train, mais rien n’est moins vrai. Alors que la Ville de Québec espère rattraper son retard structurel en matière de transport en commun avec un audacieux (et nécessaire) projet de tramway, le gouvernement Legault, lui, se livre à l’exécution publique du projet pour faire ronronner son électorat qui, comme le titrait candidement Simon-Pierre Beaudet, est composé de gens qui préfèrent manger dans leurs chars. J’aimerais donner aux ministres caquistes le bénéfice du doute mais eux même ne croient pas au vernis de bienveillance qui maquille mal leur mauvaise foi et leur dédain de tout ce qui ne brûle pas de gaz.

Farmez vos yeules pis dites merci
Je suis tanné. On a tellement souvent de fois débité l’argumentaire en faveur du transport en commun. Moins polluant, moins cher à l’État, moins bruyant, prend moins de place. Permet le déplacement autonome des jeunes de moins de seize ans et des aînés pour qui la conduite est devenue difficile. Ou des gens qui vivent avec des situations de handicap. Ou simplement les gens qui trouvent la conduite trop difficile ou stressante. Aucune de ces raisons ne semble capable de persuader l’homo automobilus alors allons-y avec une autre approche.
Vous devriez farmer vos yeules pis dire merci. Rien d’autre.
Après les débats houleux sur le 3e lien routier fluvial ou peu importe comment on appelle ce projet désastreux maintenant, nous devrions tous connaître le principe de traffic induit. Ce n’est pas une vue de l’esprit. La position de Lewis-Mogridge, formulée dans les années 1990, stipule que plus des routes sont construites, plus le traffic va s’accaparer cette route. Cette fatalité est une conséquence du phénomène de triple convergence – si l’offre en capacité routière augmente, il y aura migration vers l’automobile depuis d’autres moyens de transport (convergence modale), vers les heures de pointe (convergence temporelle) et, éventuellement, influer sur les décisions de logement et d’emploi des gens (convergence géographique) jusqu’à saturation des voies supplémentaires ou des nouvelles artères. Pire. Le paradoxe de Downs-Thomson formule que la vitesse d’un déplacement automobile dans une ville développée et en situation d’équilibre est équivalente au temps nécessaire pour couvrir une telle distance en porte-à-porte par le transport en commun.
Ça veut dire que si vous voulez que vos chars de vidange roulent vite vite vite ça prend des transports en commun qui vont vite vite vite aussi.
Bonus: chaque personne entassée dans un bus ou un tram est un char de moins sur la route.
Bonus: chaque personne qui privilégie les transports collectifs et actifs diminue le coût social de l’automobile (que non, vos petites contributions de plaques et permis de conduire n’arrivent même pas proche de combler, faites nous pas brailler avec le ‘je paye la route est à moé’).
Bonus: chaque personne qui prend les transports collectifs et actifs n’accapare pas d’hostie de place de parking qui fait grimper le coût du pied carré en ville et occupe des kilomètres et kilomètres d’espace avec des tonnes d’acier pis de plastique qui passe 98% à niaiser là pis à occuper l’espace.
CQFD: Si vous aimez vos chars, que vous voulez continuer à les conduire sans avoir à vous ruiner pis que vous voulez avoir des routes pis du parking pour le faire, arrêtez de faire chier pis laissez-nous faire comme Josélito pis prendre un train.